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Une facture
120 euros
8 films en DVD
Nice
1999 - 1971





Je suis né à Nice.
Nice et la Côte d’Azur sont liées à l’histoire du cinéma : studios de la Victorine depuis 1919, festival de Cannes depuis 1947. Nice a été le cadre de nombreux films.

Je suis né en 1999.
Chaque mois je fais des dépenses qui se matérialisent par des factures.
Une facture est un document identitaire qui traduit une façon de vivre à travers la liste des sommes d’argent dépensées pendant une période. Dans ces dépenses, certaines sont vitales - se nourrir, se soigner, se loger. D’autres ne sont pas indispensables. A partir de la somme de ces dépenses non indispensables, je me suis interrogé sur la culture que je pouvais acquérir.

La somme des dépenses non indipensables se monte pour un mois à 120 euros. Avec 120 euros, il est possible d’acheter un choix de films en DVD. Les choisir en liaison avec la ville de Nice et la Côte d’Azur en remontant le temps à partir de 1999, mon année de naissance, permet de créer une culture liée à mon identité, et qui se développe dans l’espace et dans le temps. Récupérer dans ces films des images de différents lieux de Nice ou de ses alentours, c’est ainsi racheter une culture visuelle d’un lieu que je connais aujourd’hui, mais tel qu’il était avant ma naissance, quand et comme je ne l’ai jamais connu. Le temps et l’espace sont ainsi étroitement liés.

Ces lieux et ces périodes permettent d’élaborer un poster qui se déplie et se lit dans un plan, à la fois par séquences d’image et dans une chronologie inversée à partir de 1999. Un dialogue s’établit ainsi entre les lieux et les époques. Différents itinéraires sont possibles comme une déambulation dans les images, dans les films, dans la ville et dans le temps qui s’arrête en 1971, car j’ai alors utilisé toute la somme d’argent inscrite dans ma facture correspondant aux dépenses non indispensables.

Des textes ont été incorporés à l’ensemble, tirés des films. Chaque texte correspond au dialogue des séquences d’images représentées. Les textes viennent appuyer les images, ils montrent les films et les lieux. Ils sont comme leur duplication, et leur commentaire. Tous ces élements sont ainsi reliés ensemble et se crée un tout, une unité, une conversation. En même temps apparaît une évolution temporelle dans le langage comme dans les images.

Une fois ouvert, le poster représente la facture de 120 euros, la somme dépensée pour l’achat des films et l’acquisition d’une culture. Un plan se déplie et se déploie. Une fresque se dessine, elle montre une géographie, une histoire rythmée de la ville, entre réel et fiction.

© Guillaume Andres